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pas d’humeur à se laisser frustrer de leurs clients. À l’encontre des docteurs avignonais, elles ne cessaient de formuler un double grief : leur scandaleuse indulgence dans les examens, leur qualité d’étrangers. Sur le premier point, l’Université se défendait faiblement ; mais elle soutint une lutte plusieurs fois séculaire pour se faire proclamer « régnicole » et obtenir des rois de France la confirmation de ce titre si précieux.

Jalousée d’ailleurs par les autorités municipales, parce qu’elle formait une sorte de corps dans le corps communal, par les cours de justice, parce que ses membres échappaient aux juridictions ordinaires, combattue même sur le terrain de l’enseignement par des congrégations nouvelles, par les Jésuites qui peu à peu absorbaient tout l’enseignement grammatical et philosophique — l’enseignement secondaire, dirions-nous aujourd’hui, — par les Pères de la Mission qui envahissaient ses collèges, par les Sulpiciens ou les prêtres de Sainte-Garde qui lui enlevaient la clientèle des théologiens, notre Université, aux xviie et xviiie siècles, perdait le meilleur de son activité et de son argent en des procès où elle n’était pas toujours victorieuse et ne maintenait qu’à grand’peine, en raison des complaisances du Saint-Siège pour ses adversaires, ses droits les plus essentiels. Ajoutons que le bon accord ne régnait pas toujours parmi ses membres et que même pour faire tête à ses ennemis du dehors, elle ne se trouva pas toujours unanime.

On a déjà indiqué, au cours de cette étude, les principales instances soutenues en Cour de Rome par l’Université d’Avignon ; il suffira de les rappeler ici brièvement[1]. On insistera davantage sur ses rapports avec les Universités françaises, avec les rois de France et avec le corps municipal avignonais.

  1. V. ci-dessus, livre I, ch. I et V, etc.