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absolument différé de l’une à l’autre et ont du reste beaucoup varié suivant les diverses époques. Aux xviie et xviiie siècles, par exemple, la Faculté de droit n’a conservé qu’en partie son ancienne clientèle ; les Facultés des arts et de théologie se réveillent à peine d’un long sommeil ; au contraire, la Faculté de médecine prend un essor inespéré. Mais prospères ou non, rien dans le nombre de leurs chaires, dans leurs programmes ou dans leurs méthodes d’enseignement ne les distingue beaucoup des Facultés françaises. Bien plus, ces Facultés, celles de droit et de médecine tout au moins, pour assurer à leurs gradués les privilèges réservés aux « régnicoles » en viennent à adopter purement et simplement les programmes et les règlements que le roi de France impose à ses Universités. On a dit que l’Université d’Avignon était essentiellement ultramontaine. Elle le fut, en effet, dans les premiers siècles de son existence et ses doctrines théologiques ou philosophiques restèrent toujours strictement orthodoxes. Mais pour tout le reste, elle subit de plus en plus l’influence des Universités françaises et qu’il s’agisse de privilèges à solliciter ou de questions d’enseignement à résoudre, on la voit, aux xviie et xviiie siècles, regarder moins souvent du côté de Rome que du côté de Versailles ou de Paris.

À l’époque où nous nous plaçons, les Facultés différaient fort de ce qu’elles avaient été aux premiers siècles de leur existence. Une grande révolution commencée dès la fin du xve siècle, était accomplie : l’enseignement, au lieu d’être, en fait, ouvert à tous les membres du studium, était maintenant réservé à un petit nombre de maîtres désignés et payés par l’Université. Il importe d’insister sur un changement aussi profond.

Au moyen âge, à Avignon, comme ailleurs, la liberté de l’enseignement était complète : tous les membres de l’Univer-