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de famille les avait placés, pour les porter avec envie sur celui où travaillent leurs voisins, et qu’ils mettent en œuvre mille moyens de la prudence humaine pour les supplanter, ces missionnaires se font sans le savoir les plus puissants coopérateurs des desseins de l’homme ennemi contre le champ du Père de famille ; non seulement le sillon qui leur avait été confié demeurera stérile, mais encore ils feront le plus souvent disparaître le travail et la fertilité du champ de leur voisin ; la confusion, le schisme et la discorde seront ordinairement les seuls fruits qu’on verra germer autour d’eux ; de pareils missionnaires prennent sur eux une responsabilité immense, car il semble que ce soit à eux qu’aient été adressées ces paroles « Vous fermez le royaume des cieux devant, les hommes ; car vous n’entrez point et vous ne permettez pas à ceux qui entraient de pénétrer. » Clauditis regnum cœlorum ante homines, vos enim non intratis, nec introeuntes sinitis intrare. Matth., 23, 13.

Mais si des missionnaires, pleins de confiance dans la force de Notre-Seigneur qui a vaincu le monde, abordent courageusement les obstacles qu’ils rencontrent dans la conversion des peuples, et mettent infatigablement en oeuvre les moyens dont Notre-Seigneur et les apôtres ont donné l’exemple et le précepte ; moyens qui sont : 1° l’union entre les ouvriers ; 2° la prédication ; 3° l’institution d’un clergé indigène, ces missionnaires peuvent être assurés d’une abondante moisson. La première partie de leur course aura été pénible, semée de travaux, d’afflictions et de larmes, mais à ces jours de fatigue et d’épreuve succédera le temps de l’allégresse et de la moisson suivant ces paroles : Euntes ibant et flebant, mittentes semina sua ; venientes antem venient cum exultatione, portantes manipulos suos. Ps. 123.