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viager de la Transylvanie et quelques distinctions exceptionnelles, comme la Toison d’Or, dont on avait orné le cou débile de Sigismond Bâthory. La chancellerie de Prague, parlant au nom de Rodolphe II, consentit, presque dédaigneusement, à lui faire cette grâce, dont on excluait cependant les comtés extérieurs, « bien qu’on eût préféré, pour éviter les graves désavantages qui pouvaient se présenter, que le Voé-vode, ayant restitué la Transylvanie occupée au nom de Sa Majesté, s’en retournât en Valachie pour l’administrer sous la protection de l’Empereur et y guetter toutes occasions d’avancer plus loin en Turquie avec l’aide de Sa Majesté ». On réservait même, à cause des prétentions polonaises, la question de la Moldavie. Il était sans douteimpossible d’être plus imprudent.

A ce moment, la Transylvanie, que Basta avait travaillée sans cesse, promettant le concours des troupes de la Hongrie supérieure à toute révolte qui éclaterait, était en flammes. Michel eut des scrupules de conscience lorsqu’il s’agit de combattre une armée qui levait le drapeau à l’aigle bicéphale de son suzerain. Il agit, contre son habitude, mollement, sans intervenir de sa propre personne, et fut vaincu à Miraslau (Miriszlo), près de la Capitale, le 18 septembre 1600.

C’était bien la fin de sa domination, sinon le dernier acte de cette belle énergie guerrière. On venait de lui apprendre déjà que le chancelier Zamoyski avait repris la Moldavie et envahi la Valachie elle-même, où il voulait introduire Siméon, frère de Jérémie. Michel essaya de sauver au moins l’héritage de ses ancêtres ; ayant conclu une convention par laquelle il s’engageait à quitter le territoire de la Transylvanie, il passa les Carpathes pour trouver du côté de Buzau ces lourdes légions polonaises depuis longtemps formées par l’expérience d’Etienne Bàthory pour la guerre contre les Turcs sur le Danube. Il dut s’enfuir, tout en livrant