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en lettres de pourpre au bas des diplômes. Lors de la nomination d’un Voévode à Constantinople, il jette à un peuple, qui n’est pas le sien, la monnaie dont étaient prodigues à cette occasion les basileis, et les cérémonies ont un caractère absolument impérial.

C’est du reste en Empereurs qu’ils sont invoqués par tous les moines de l’Orient, qui attendent leur pitance de la libéralité roumaine. Ce rôle leur est attribué aussi par les chronographes slavons des Balcans, qui, après avoir établi la série des « autocrates » appartenant aux « quatre monarchies », racontent es exploits accomplis par les princes danubiens, de vrais Tzars à la suite des Asénides et de Douchane.

Ils en sont fiers, les Voévodes de Valachie et de Moldavie, et ils ne négligent rien pour entretenir cette opinion et maintenir ce prestige. Leur Cour est ouverte à tous les réfugiés des Balcans ; on vit dans leur suite, après le prétendant bulgare Alexandre, les derniers des Brancovitsch et les héritiers errants de l’Herzégovine. La visite des archevêques mendiants, des chefs miséreux de la chrétienté slave, et surtout celle des Patriarches de Constantinople en quête d’aumônes étaient regardées comme l’accomplissement d’un devoir supérieur. S’il s’agit de réparer les couvents du Mont Athos, d’y élever des fortifications, d’y ajouter des tours, de renouveler les icônes couvertes d’argent, s’il faut défendre contre l’avidité turque les Météores que sont les monastères suspendus de la Thessalie, si Jérusalem a besoin d’un secours, ces successeurs légitimes des empereurs « pieux et aimant le Christ » seront toujours prêts à sacrifier leurs trésors. Dans sa détresse suprême, à la fin du XVIe siècle, l’Œcuménique se réfugia dans la maison même des agents valaques à Constantinople.

La civilisation grecque végète encore sur les lieux qui la virent naître et se développer dans sa forme ancienne.