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Zàpolya, dont il avait fait semblant de soutenir la cause, put donc s’installer en Transylvanie ; de son côté, le Sultan Soliman comptait y installer le bâtard du doge vénitien, Aloisio Gritti, aventurier prétentieux et gâté par le sort, dont il avait fait un gouverneur de la Hongrie. La noblesse magyare s’étant soulevée contre l’intrus, le prince moldave, qui était intervenu au nom de Ferdinand contre le protégé de son suzerain, réussit à faire périr ce concurrent, de même que, dix ans plus tard, il devait se débarrasser de son propre congénère, Mailat. Pour le moment, il était devenu cependant le vassal du roi des Romains en guerre avec Zàpolya, qui fit attaquer par ce Mailat les fiefs moldaves de la province.

Ce fut cependant dans Ciceu, sur lequel s’étendait déjà l’autorité du roi magyar, que Pierre dut chercher un refuge en 1538, lorsque le Sultan, dont les Polonais, ainsi que nous l’avons dit, avaient réclamé l’intervention, envahi la Moldavie. Il n’y avait pas eu de grande bataille ; les boïars ne possédaient pas cette jeune énergie qui avait permis à Etienne-le-Grand de jouer un rôle si brillant comme représentant des intérêts de sa race entière. Ils abandonnèrent un fauteur de guerres, toujours en quête de nouvelles provinces. Soliman, ayant fait plutôt un voyage triomphal à travers un pays abandonné, n’osa pas cependant pousser à bout cette classe, encore bien vivante, de la noblesse moldave : celui qui avait détruit le royaume de Hongrie et envoyé à Bude un beglerbeg pour le représenter, se borna à confier sa conquête récente aux faibles mains d’un petit-fils d’Etienne-le-Grand, un nouveau et méprisable Etienne, dit Lacusta, dont le règne devait finir bientôt sous le fer des assassins, un Voévode de la revanche, Alexandre Cornea, ayant pris sa place.

Décadence politique des roumains sous la suzeraineté