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l’amena à méditer sur la question sociale et qui fut l’origine de son projet de la Société de Saint-Georges. « Ce fut la fin de ses jours de jeunesse joyeuse et le commencement de ses véritables travaux dans ce monde — au moins de ses travaux en vue d’objets qui en étaient dignes ».

Præterita nous donne, avec Fors Clavigera, un récit complet du développement graduel de la pensée religieuse chez Ruskin. Elevé dès l’enfance dans la foi évangélique stricte et le christianisme biblique, il conserva cette croyance jusqu’à sa maturité, mais il est évident qu’il n’éprouva jamais pour elle une profonde sympathie spirituelle. Ses longues études sur les peuples étrangers et sur l’art du Moyen Age le détachèrent peu à peu des vues évangéliques, et, comme il le dit en 1845, alors qu’il avait trente ans, elles furent remplacées par des sympathies qui le rapprochaient du catholicisme. « Pourquoi alors ne suis-je pas devenu un Catholique ? demande-t-il, et il répond « Pourquoi ne suis-je pas devenu un Adorateur du Feu, moi qui aimais tant le soleil ? » Il nous dit lui-même que son voyage d’Italie en 1858, à l’âge de trente-six ans, marqua « son abandon définitif de la doctrine puritaine ». Son intimité avec Carlyle, Froude et d’autres, le conduisit à des appréciations tout à fait larges, dégagées de tout dogmatisme théologique, sans diminuer sa forte conviction