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Léonard et de Michel-Ange. Giotto est, dans l’histoire entière de l’art moderne, l`esprit le plus profond, le plus humain, le plus pur et le mieux équilibré. « Ora ha Giotto il grido » — comme au temps de Dante.

Tout cela, c’est Ruskin qui nous l’a enseigné le premier. Son appréciation des compositions de Giotto est basée sur une compréhension sympathique mais non servile des Évangiles apocryphes si répandus au xive siècle et de ces belles et gracieuses légendes de la vie de la Vierge. Ruskin les aborde avec le même esprit que nous pouvons concevoir chez Giotto en face des mêmes mythes ; il est pénétré de leur grâce, de leur tendresse, de leur beauté spirituelle, enthousiasmé de leur importance comme sujets de peinture, il les accepte tels qu’ils nous ont été transmis sans les mettre en doute, sans les critiquer, mais aussi sans superstition, les prenant surtout par leur côté humain et émotionnel, non par leur côté dogmatique et transcendantal. Dans les notes qu’il nous a laissées sur ces compositions, Ruskin apprécie d’une manière délicate et sûre le côté légendaire, dramatique et artistique de chacune de ces fresques. Rien de plus vrai, rien de plus suggestif que les quelques lignes où il nous montre « Joachim chez les bergers », morceau d’un merveilleux pathétique qui rappelle dans sa sévère dignité une pierre tom-