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blia le premier volume des Pierres de Venise au commencement de 1851. En dépit de l’indignation des architectes et d’assez nombreux critiques, le livre fut reçu avec faveur et accrut incontestablement sa réputation. Il était naturel qu’il soulevât un nuage de controverses qui s’en prirent aux hérésies sociales et industrielles du nouveau prophète autant qu’à ses dogmes artistiques. C’était l’année de la première Grande Exposition Internationale, où la Reine Victoria et le Prince Albert convièrent le monde de l’art, de l’invention et du travail à réunir et comparer leurs produits dans le grand palais de glace que sir Joseph Paxton avait élevé dans Hyde Park. On était au moment décisif ou l’on commençait à se demander si l’idéal esthétique de la première époque victorienne resterait comme la règle du goût général, si le palais du Parlement et le Royal Exchange étaient le dernier mot de l’art de construire et si Maclise et Etty l’emportaient réellement en peinture sur tous leurs rivaux.

Thomas Carlyle, alors une force dans le monde nouveau qui s’ouvrait, salua le livre avec joie :

« Voici un excellent Sermon sur les Pierres, étrange, inattendu et, je crois, plein de vérité ; voici un excellent morceau sur la science architectonique dont j’espère apprendre beaucoup et de bien des fa-