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préparait par les mépris et les humiliations à ne compter que sur lui ; avec cet appui, Mme d’Youville se sentait assez forte pour braver toutes les tempêtes et assurer le succès d’une œuvre qui devait rendre à Dieu tant de gloire. Cette petite communauté, qui, dès son berceau, portait déjà l’empreinte de la contradiction et de la souffrance, devait subir bien d’autres épreuves avant d’être solidement établie dans Ville-Marie.

L’hôpital tenu par des frères et destiné à recueillir des vieillards infirmes, que nous venons de mentionner et dont nous aurons occasion de parler lorsque Mme d’Youville sera appelée à le gouverner, était alors menacé de disparaître par suite d’une mauvaise administration. Le motif de l’agitation soulevée contre Mme d’Youville était la crainte de voir remplacer ces Frères Hospitaliers, qui comptaient des amis influents, par les pieuses femmes qui se dévouaient au service des pauvres et qui, grâce au zèle et à la charité de la fondatrice, semblaient destinées à accomplir l’œuvre à laquelle les Frères Hospitaliers avaient failli. Il fallait donc, à tout prix, empêcher Mme d’Youville de réussir. Dans ce but, ses ennemis adressèrent, l’année suivante, en 1738, à M. de Maurepas, ministre de la Marine, une pétition contre elle et sa fondation.

Pour en assurer le succès, on avait eu soin de la faire signer par le gouverneur de la ville, par des officiers et un grand nombre de citoyens. En même