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madame d’youville

Inébranlable dans sa résolution, la nouvelle fondatrice loua, en 1738, une maison où elle entra, avec ses trois associées, la veille de la Toussaint, après avoir été approuvée par M. Normant qui, en qualité de grand-vicaire, remplaçait l’évêque de Québec. Elles avaient cinq pauvres en entrant dans cette maison : elles en eurent bientôt cinq autres.

Sur le seuil de cette humble demeure, qui devait être le berceau de son Institut, Mme d’Youville se prosterna devant une statue de la Sainte-Vierge, en qui elle avait toujours eu la plus grande confiance, suppliant cette bonne mère de la prendre, elle et ses compagnes, sous sa protection, et lui promettant de consacrer désormais sa vie entière au service des pauvres et des délaissés. Avec quelle bonté celle que l’on nomme la « santé des infirmes » et la « consolation des affligés » ne reçut-elle pas la consécration religieuse des premières filles de la Charité de Ville-Marie ! La Sainte-Vierge a voulu donner à Mme d’Youville et à ses compagnes un témoignage visible de sa prédilection en préservant du feu cette petite statue devant laquelle la fondatrice avait fait ses premières promesses : elle fut retrouvée dans les ruines de l’Hôpital Général après l’incendie qui le détruisit, en 1765. Le piédestal sur lequel la statue reposait fut détruit par le feu : mais la statue elle-même resta intacte. On la conserve avec respect dans la communauté, et c’est à ses pieds que les Sœurs Grises vont demander aide et lumière lorsqu’elles doivent élire une nouvelle supérieure.