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Mlles Catherine Cusson et Catherine Demers, et elles passèrent le reste de l’année 1737 à étudier leur projet, à s’affermir dans leur résolution de quitter le monde pour se donner complètement au service des malheureux.

Mme d’Youville n’avait aucune ressource ; à peine quelques débris, échappés au désastre amené par les folles dépenses de son mari, avaient-ils été sauvés par sa prévoyance et son économie. Comment allait-elle donc pouvoir fonder une œuvre aussi difficile ? Comptant dès lors sur la paternelle providence de Dieu, qui avait mis dans son âme un sentiment extraordinaire d’abandon complet à sa volonté, elle ne se laissa pas effrayer. Malgré les obstacles multiples qu’elle entrevoyait, malgré sa pauvreté, malgré ses devoirs de mère, elle demeura ferme dans sa détermination de dévouer sa vie aux pauvres.

Les historiens de Mme d’Youville l’ont plusieurs fois comparée avec raison à sainte Jeanne de Chantal. Comme son illustre devancière, elle a puisé dans son âme, illuminée par la grâce, la force de sacrifier à Dieu le sentiment le plus fort et le plus légitime qu’un cœur humain puisse éprouver, l’amour maternel ! Et si, comme sainte Chantal, Mme d’Youville trouva l’héroïque courage de se séparer de ses deux fils, comme elle aussi elle avait un cœur doué d’une tendresse qui donnait encore plus de prix à son immolation.