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madame d’youville

savent que, sous prétexte de spiritualité, elle n’importuna jamais ses directeurs ; les œuvres de charité auxquelles elle se livrait depuis son veuvage avaient pour elle un attrait tout particulier ; elle se faisait un honneur de visiter les malades et les pauvres, se retranchant une partie de son nécessaire pour les soulager.

« Elle visitait les pauvres de l’Hôpital Général, dont elle raccommodait les vieux haillons, faisant ainsi, sans le prévoir, l’apprentissage d’une œuvre à laquelle elle devait dévouer sa vie. »

Le rôle de M. de Lescoat dans la direction de Mme d’Youville devait se borner à lui faire sanctifier ses épreuves, à les lui faire accepter comme une épuration et un moyen de se détacher du bonheur terrestre, qu’elle avait semblé chercher jusque-là.

L’âme de la Vénérable, sous cette sage direction, avait pris son essor vers les suprêmes hauteurs où Dieu habite ; ses méditations et ses conversations avec son Créateur l’avaient initiée à l’amour des âmes. Elle avait commencé son apostolat ; elle édifiait Ville-Marie. Une autre main devait compléter la perfection intérieure de cette âme d’élite et devait être l’instrument plus direct de la grande œuvre que Dieu voulait établir à Montréal.

La mort enleva, à quarante-quatre ans, M. de Lescoat à la vénération de toute la population, au milieu d’une carrière courte, mais saintement rem-