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Ces rudes épreuves élevèrent l’âme de la jeune femme et lui firent comprendre qu’elle ne pouvait plus espérer de bonheur qu’au service de Dieu et dans les œuvres de la charité chrétienne. Après cinq années de cette vie tourmentée, pressée par une grâce intérieure, elle embrassa un genre de vie plus parfait et elle prit la résolution de se donner tout entière à Dieu.

Jeune fille, Mme d’Youville avait aimé le monde. « Le monde eut pour elle des attraits, » nous dit son fils ; « elle aima la bonne compagnie et les douceurs de la vie. » Une épreuve bien cruelle vint jeter dans son âme une première désillusion.

Jeune femme, elle rêva de nouveau le bonheur dans une union contractée sous les plus heureux auspices ; les exigences du caractère de sa belle-mère vinrent assombrir sa vie et la forcer de réfléchir sur la fragilité des espérances humaines. Et quand la mort, faisant disparaître ce dernier obstacle, lui permit de croire à des jours plus sereins, son mari, cette fois, fut l’instrument dont Dieu se servit pour ruiner à jamais ses espérances d’épouse, en la frappant au plus intime de son cœur. Dieu poursuit ainsi souvent les siens en les préparant à devenir grands à ses yeux et dans l’Église.

Mais pour s’engager dans une voie nouvelle, il lui fallait un appui, un directeur éclairé ; elle jeta les yeux autour d’elle et, guidée par une lumière surnaturelle, c’est à M. de Lescoat, curé de Ville-Marie,