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madame d’youville

sous la pluie des tempêtes pour donner, à l’heure fixée, la moisson qui enrichit les âmes et l’éternité. »[1]

M. d’Youville, avec ses habitudes de plaisir, dépensa bientôt son héritage et le bien que sa femme lui avait apporté ; celle-ci se vit obligée de gagner, par son travail, la vie de ses enfants. Elle n’adressa pas de reproches à son mari sur sa conduite et ses extravagances ; au contraire, pour le ramener dans le sentier du devoir, elle redoubla de prévenances à son égard, supportant avec la plus grande douceur les peines dont elle était abreuvée. Cédons ici la plume à son fils M. Dufrost, que l’on ne pourra certes soupçonner d’exagération, puisqu’il s’agit de son père : « En peu de temps, » dit-il, « son mari consuma en divertissements toute sa succession et mit par là son épouse dans le cas de n’avoir pas souvent le nécessaire, quoique, par un travail continuel, elle s’efforçât de pourvoir à son entretien et à sa nourriture. Pour surcroît d’affliction, elle avait un mari fort indifférent et qui n’était pas plus sensible aux différentes infirmités de son épouse que pour une personne qu’il n’avait jamais connue. Cependant jamais on ne l’entendit faire le moindre reproche à son mari, quoiqu’il les méritât grandement, ni même diminuer ses complaisances pour lui. »

  1. Père Ollivier, éloge funèbre du Père Lécuyer.