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madame d’youville

pieuse, pleine de candeur et d’intelligence, Mlle de La Gesmerais s’acquit la sympathie et l’estime de toutes. Elle ne perdait pas un instant, et si elle voyait quelqu’une de ses compagnes, moins assidue au travail, chercher à s’amuser pendant les classes ou l’étude, elle se disait à elle-même : ces demoiselles sont plus fortunées que moi, leurs années d’études ne sont pas limitées ; pour moi, je n’ai plus de père, et ma pauvre mère attend avec anxiété mon retour à la maison. Et elle redoublait d’activité et d’application dans l’acquit de ses devoirs. C’est ainsi que Dieu préparait sa jeune servante aux grandes œuvres qu’elle devait accomplir plus tard à la gloire de son nom. »

Comme si elle avait eu l’intuition de ce que Mlle Dufrost devait en effet accomplir plus tard, une de ses maîtresses, sœur Marie des Anges, lui faisait lire « Les saintes voies de la Croix », de l’abbé Boudon, préparant déjà son âme à la vie de souffrances qui l’attendait.

Dans ce monastère, encore tout embaumé du parfum des vertus héroïques de sa vénérée fondatrice, sous l’œil vigilant de femmes aussi distinguées que saintes, quel trésor de piété Mlle Dufrost ne devait-elle pas acquérir !

Les fondateurs de la colonie avaient principalement en vue l’évangélisation des sauvages. Aussi avaient-ils toujours choisi avec soin ceux qu’ils