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nécessaire ; mais cela ne les empêchait pas de se livrer à toutes leurs œuvres de charité. Dès leur arrivée, elles avaient commencé à visiter à domicile les malades et les pauvres, et au mois d’août, bien que leur maison fût très petite, elles y établirent un commencement d’hôpital qui suffit pendant deux ans aux besoins de la localité.

En 1847, cependant, un nombre considérable d’Irlandais atteints du typhus étant arrivé à Bytown, il fallut construire un hôpital temporaire en bois[1] et même abriter nombre de malades sous des tentes que le gouvernement fournit aux religieuses. La tâche imposée par le fléau devint bientôt si lourde pour le petit nombre de sœurs et de novices qui se trouvaient dans la maison qu’elles durent fermer leurs écoles pour se consacrer exclusivement au soin des pauvres émigrés. La crainte qu’inspirait d’ailleurs la terrible maladie les privait de toute aide de l’extérieur, et bientôt elles furent elles-mêmes atteintes par le fléau. Le 2 juillet, l’une d’elles tomba malade ; les autres suivirent à leur tour, et la Mère Supérieure fut pendant plusieurs jours en danger de mort. Cette pénible situation prit fin heureusement à l’automne, mais la maladie avait fait plus de quatre cents victimes.[2]

  1. L’hôpital actuel n’a été commencé qu’en 1861, et inauguré en 1866.
  2. Malgré ce triste état de choses, la supérieure d’Ottawa trouva le courage d’envoyer une de ses religieuses pour secourir la communauté de Montréal, et la Sœur Phelan, nièce de l’évêque de Kingston, vint soigner les Sœurs Grises malades et les aider aux ambulances.