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tion de Notre-Dame, ne pouvant payer de leur personne, veulent cependant s’associer au mérite des Sœurs Grises en fournissant d’abondantes provisions.

Les Sœurs de la Charité, dit avec raison l’éloquent abbé Casgrain, sont le chef-d’œuvre de l’amour de Dieu ; aussi les voyons-nous, au milieu de ces pestiférés, accomplir leur tâche héroïque avec ce calme que donne seul l’amour de Dieu et de la croix. Humbles et simples dans leur sublime dévouement, elles font l’admiration même des médecins chargés du service de ces malades. L’un d’eux, protestant, atteint du terrible fléau, veut avoir à son chevet une de ces femmes à qui il a vu faire si modestement ces grandes choses[1]. Il embrasse la religion catholique et proclame que c’est le noble dévouement qu’il a admiré aux ambulances qui a décidé sa conversion.

Cependant, le nombre des malades augmentant chaque jour, le service devenait de plus en plus difficile et pénible. Les précautions prises tout d’abord contre la contagion furent négligées ; pour éviter de quitter leurs malades, les sœurs prenaient leur nourriture aux ambulances ; la grande fatigue, l’air vicié, tout concourait à rendre les garde-malades et les prêtres victimes du fléau. Bientôt, en effet, la maladie décimait cette troupe de vaillantes, et Mgr Bourget faisait appel aux Sœurs de la Providence pour remplacer les Sœurs Grises : en même temps

  1. Sœur Barbeau.