Page:Jetté - Vie de la vénérable mère d'Youville, 1900.djvu/389

Cette page a été validée par deux contributeurs.
347
madame d’youville

les campagnes tinrent aussi à honneur de fournir leur part.

Près d’un million et demi de dollars put ainsi être envoyé au secours de ces malheureux dont on avait d’abord tenté d’exploiter les souffrances dans l’intérêt d’un prosélytisme cruel, mais qui, bien que décimés par la misère et la maladie, étaient restés héroïquement fidèles à leur foi, préférant mourir plutôt que de céder à ces indignes sollicitations.

Cependant le fléau continuait son œuvre. Ceux qui avaient été épargnés fuyaient leur patrie et allaient demander à un sol étranger un abri et du pain : l’émigration, commencée depuis des années déjà, prit, à raison de cette calamité, des proportions effrayantes.

Au mois d’avril 1847, 1268 émigrants débarquèrent à Boston, 78 étaient morts pendant la traversée ; 2152 arrivèrent à New-York, et notre pays ne devait pas tarder à en recevoir un aussi grand nombre.

Du 1er janvier au 17 mai 1847, 4677 passagers d’entrepont étaient arrivés à la station de la quarantaine ; 537 étaient morts sur mer et 797 étaient atteints du typhus. Le 27 mai, le nombre d’émigrés arrivés à Québec était de 5546, et vingt-cinq vaisseaux étaient annoncés pour le 1er juin à la Grosse-Île.

L’héroïque dévouement du clergé de Québec n’a pas été oublié. Cinquante-un prêtres se dirigèrent vers la Grosse-Île et l’Hôpital de Marine : la conta-