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Le commissaire du bureau de bienfaisance de Skibereen, comté de Cork, écrivait de son côté au ministre de l’Intérieur, Sir George Grey : « Du commencement à la fin ce n’est qu’un funèbre catalogue de famine et de mort. Les pauvres meurent comme des bestiaux empoisonnés. La faim a détruit chez cette population infortunée tout germe de sympathie généreuse : le désespoir l’a pétrifiée.

« On voit des familles entières sur des restes de paille pourrie qui jonchent le sol humide, dévorées par la fièvre, et ils n’ont personne pour humecter leurs lèvres et soutenir leur tête. Le même lambeau recouvre les cadavres et les êtres vivants ; les rats viennent chercher leur proie au milieu de cet affreux pêle-mêle, et nul n’a assez de force pour troubler leur festin. »

Ces représentations n’eurent pas le don d’émouvoir le gouvernement anglais. Les catholiques, au contraire, ne furent pas indifférents au récit de pareilles infortunes. Le pape Pie IX vint le premier au secours des malheureux Irlandais : il envoya mille couronnes de son trésor, fit faire des collectes dans Rome et adressa aux évêques du monde entier une lettre touchante faisant appel à leur charité.

De toutes les parties du monde arrivèrent des secours : New-York souscrivit 300,000 dollars ; Philadelphie, 250,000 ; Washington, 500,000 ; Charlestown, 100,000 ; la Nouvelle-Orléans, 250,000. À Québec et à Montréal, on recueillit 12,000 dollars, et