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madame d’youville

que se répandit dans le monde entier la nouvelle de la terrible famine qui dévastait l’Irlande.

Le 2 février 1847, un journal de Montréal, « Les Mélanges Religieux », reproduisait l’article suivant, extrait de l’« Ami de la Religion » :

« M. Cummins, magistrat du comté de Cork (Irlande), s’adressant au duc de Wellington, s’exprime ainsi : Ayant entendu parler de l’effrayante misère qui règne dans la paroisse de Miross, South Keen, je m’y suis transporté avec autant de pain que cinq hommes pouvaient en porter.

En arrivant, je trouvai le village désert en apparence ; je suis entré dans quelques maisons : dans la première, j’ai aperçu des fantômes ou squelettes étendus dans un coin obscur sur la paille. Ils n’avaient pour se couvrir qu’une mauvaise couverture de cheval ; ils avaient une fièvre brûlante ; ils se serraient les uns contre les autres, l’homme, la femme et les quatre enfants.

« La nouvelle de mon arrivée s’étant répandue, Je me vis entouré de deux cents fantômes délirants, les yeux hagards et poussant des cris sauvages.

« La police trouva dans une maison deux cadavres gelés, à demi dévorés par les rats. Une mère en délire cacha sous des pierres le cadavre de sa fille. Un médecin trouva sept personnes abritées sous une même couverture ; un de ces malades était mort depuis plusieurs heures, et les autres n’avaient pas la force de l’enlever. »