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madame d’youville

et c’en est un, n’est-il pas une souffrance constante ? Et ces âmes ardentes ne trouvent-elles pas aussi un sujet de tristesse et d’épreuve dans leur impuissance à accomplir tout le bien qu’elles sont forcées de négliger ou de retarder ?

L’une d’elles écrivait à ce propos, en 1890, à un prêtre missionnaire : « Les Indiens s’habillent ordinairement en cuir, et les animaux qu’ils chassent s’éloignant toujours, il leur faut recourir à la charité pour se garantir du froid excessif de nos interminables hivers. Lorsque la disette s’y joint et que nous les voyons arriver comme des squelettes ambulants, oh ! que nous désirerions être riches pour soulager de si grandes misères !

« Nos enfants nous arrivent dans toutes les conditions, les uns à moitié nus, les autres couverts de haillons, remplis de vermine… et la réception de chaque nouvel enfant pourrait nous fournir le sujet d’une triste histoire. Ces enfants ont tous les jours cinq heures de classe ; ils apprennent le français et l’anglais, outre leur langue ; entre les classes, ils apprennent la couture, le tricot, la confection des souliers (mocassins), etc. Le chant occupe une grande place dans leur éducation. Ici, tout le monde chante, jusqu’aux plus petits, et les voix fausses sont inconnues. »

Le site de la mission de Saint-Albert, établie en 1861, fut choisi par Mgr Taché, qui lui donna le nom