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davantage. J’ai embrassé la croix et je veux la porter jusqu’à la mort, s’il le faut, selon l’esprit de notre sainte règle…

« Il ne nous est encore arrivé rien de fâcheux ; les portages sont quelquefois longs et fatigants, surtout pour moi, quand il faut gravir des montagnes, se frayer un chemin à travers les branches, passer des ravins sur des arbres secs et pourris, ce n’est pas rassurant.

« Sur les rochers où nous campons aujourd’hui, les serpents sont nombreux ; les hommes en ont tué quatre, sans avoir pu atteindre les autres.

« Hier, nous sautâmes plusieurs rapides assez dangereux. Les bateliers poussaient des cris de joie en franchissant ces rapides ; je riais de bon cœur, mais nos jeunes sœurs étaient pâles de frayeur. »

De son côté, Sœur Valade, écrivant de nouveau à la supérieure de Montréal, rend compte en ces termes d’un accident arrivé à Sœur Lagrave : « Depuis que ces lignes sont commencées, ma sœur Lagrave s’est foulé un pied en glissant sur une roche ; deux hommes la transportèrent dans le canot… Je pense qu’elle en a pour longtemps sans marcher, et nos portages ne sont pas encore finis. Le bon Dieu s’empresse de nous envoyer des croix : que son saint nom soit béni ! »

L’accident signalé avec tant de résignation dans ces courtes lignes pouvait cependant être un sérieux