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madame d’youville

La douceur dominait dans tous les avis donnés par Mère Slocombe à ses novices ; aussi celles-ci ne trouvaient-elles rien de pénible avec une mère qui savait si bien leur mesurer les difficultés et les sacrifices et qui trouvait dans sa grande délicatesse le secret d’indiquer seulement aux novices la conduite qu’elles devaient tenir, leur laissant tout le mérite du renoncement. C’est ainsi qu’un jour une novice vint la trouver et lui remit un objet en argent dont elle se servait d’une manière apparente depuis son entrée au noviciat. La digne mère, par ses avis, qui portaient sur l’entier détachement de ces mille riens auxquels le cœur tient tant quelquefois, avait atteint l’âme de sa fille et, sans avoir eu besoin de la reprendre directement de son manque de générosité, avait obtenu un plus parfait résultat par un moyen beaucoup plus délicat.

Lorsque ses novices la quittaient pour s’en aller en mission, avec quelle sollicitude cette tendre mère les suivait, les encourageait, les consolait dans leurs peines et prenait part à leurs souffrances ! Écrivant un jour à une jeune sœur de Toledo, après lui avoir donné de sages conseils sur ses exercices de piété et recommandé, comme la Mère d’Youville à ses filles, l’union et la paix, elle s’informait ensuite de sa santé et, bien qu’elle sût qu’elle n’avait été que légèrement malade elle ajoutait maternellement : « Vous avez eu de quoi offrir à Notre-Seigneur… Vous avez besoin maintenant de vous reposer, de vous soigner,