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des amis de sa famille, se trouvait en Angleterre avec sa femme. Ils invitèrent Mlle Slocombe à venir avec eux au Canada et celle-ci accepta. À son arrivée à Montréal, se sentant isolée, elle chercha un directeur qui, tout en guidant son âme, pourrait en même temps lui servir d’appui et la soutenir dans les moments d’inquiétude et de découragement. M. l’abbé Larkin, du Séminaire de Saint-Sulpice, qui était chargé des catholiques anglais de la ville, lui fut indiqué. Il reconnut bientôt que sa nouvelle pénitente n’était pas une âme ordinaire ; il lui demanda de venir l’aider dans la chapelle des Récollets à préparer les enfants parlant l’anglais à leur première communion, et elle accepta avec joie. Son dévouement fut bientôt béni : elle reçut en retour des lumières qui, tout en l’éclairant, la conduisaient insensiblement au sacrifice de sa vie entière dans l’exercice de la charité.

Quelque temps après, elle faisait part à M. Larkin de l’attrait qu’elle éprouvait pour la vie religieuse, et celui-ci, après l’avoir fait beaucoup prier et réfléchir, lui conseilla de répondre à l’appel divin. Mais, comme toutes ces héroïques résolutions qui demandent à l’âme qui les conçoit l’immolation de toute une vie, la détermination de la jeune fille devait subir des luttes intimes et des tentations qui eussent ébranlé un courage moins grand que le sien. Elle triompha et, à vingt ans, elle venait frapper à la porte du noviciat des Sœurs Grises, dont les œuvres avaient reçu