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serviteurs de la ferme et veut les envoyer au secours des malheureux ; mais, voyant l’imminence du danger, ils ne bougent pas. Alors cette femme énergique, après avoir vainement fait appel aux sentiments de ces serviteurs et même leur avoir reproché leur lâcheté, se risque elle-même sur la glace. Ces hommes pusillanimes, voyant le courage de cette femme, retrouvent le leur et s’élancent à sa suite. Bientôt les naufragés sont ramenés au rivage, et comme ils sont transis de froid, les enfants surtout, la Mère Lemaire les conduit au manoir, les fait réchauffer, leur fait servir un bon repas et passe la nuit à les veiller et à les soigner.

Cette tendresse de la Mère Lemaire se manifestait toujours envers les pauvres, mais surtout envers les enfants, qu’elle aimait particulièrement. On raconte qu’une petite orpheline avait eu beaucoup de difficulté à s’habituer à la règle de la maison et qu’elle avait souffert longtemps de la séparation des siens. La Mère Lemaire prenait la peine d’aller chaque jour la consoler et lui témoigner de l’intérêt et de l’affection ; elle lui faisait porter de petites douceurs, elle lui donnait des bonbons et des fruits quand elle la voyait, et elle tâchait ainsi de gagner son cœur.

Les compagnes de la Mère Lemaire n’étaient pas les dernières à bénéficier de sa grande bonté. Chose assez rare chez une personne robuste et virile et qui était toute dévouée à la prospérité de son Institut, elle s’occupait minutieusement de la santé de cha-