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qui ne l’avaient point encore été jusqu’alors. C’est en charrette que ses diverses courses étaient faites, dans toutes les saisons de l’année, et aucune considération de fatigue, de santé ou de péril ne l’a jamais arrêtée. »[1]

Une âme qui sait ainsi se dépenser pour son devoir et qui sait également donner l’exemple de la plus scrupuleuse exactitude à ses exercices religieux n’est-elle pas soutenue par une grâce spéciale et divine ? Debout chaque matin à quatre heures et demie pour l’oraison, la Mère Lemaire puisait dans la prière la force d’accomplir les différentes actions de sa laborieuse journée.

D’une énergie qui ressemblait à celle de la Vénérable Mère d’Youville, mais dont l’ardeur ne pouvait pas se dominer aussi parfaitement et la poussait à certaines hardiesses, la Mère Lemaire se chargeait quelquefois de réprimer elle-même et sur-le-champ les injustices dont la communauté pouvait souffrir. En voici quelques exemples.

Ayant appris que les sauvages du Sault Saint-Louis s’étaient emparés d’une île qui appartenait aux Sœurs Grises, la Mère Lemaire se rendit sur les lieux et, bravant le courroux des sauvages, elle arracha de ses propres mains ce qu’ils avaient semé sur ses terres.

Un agent de la seigneurie de Beauharnois s’était emparé à son tour d’une autre île de la seigneu-

  1. M. Faillon, p. 411