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madame d’youville

sœurs, sa compassion pour les misères d’autrui n’avaient d’égale que sa sévérité pour elle-même, ce qui faisait dire que son cœur était d’or pour les autres et de fer pour elle. Cet oubli de soi et une santé robuste lui permirent, pendant qu’elle était économe de la communauté, d’entreprendre des ouvrages tellement pénibles que lorsqu’elle abandonna cette charge on ne trouva personne pour continuer ces travaux.

Douée d’une grande aptitude pour les affaires, elle essaya de combler les lacunes qui existaient avant qu’elle fût chargée du matériel de la maison.

Un nombre considérable de terres avait été concédé dans la seigneurie de Châteauguay, et cependant aucun registre n’en avait été tenu. La sœur Lemaire voulut remédier aux graves inconvénients qui pouvaient résulter de cette omission ; elle ouvrit donc et compléta, au prix de grandes fatigues et d’un immense travail, un livre contenant tout le détail de ces diverses concessions des terres de la seigneurie. Mais pour en arriver là elle fut obligée de parcourir plusieurs fois le domaine, allant de maison en maison, dit M. Faillon, afin d’obtenir les titres des propriétaires. Le jour était employé à ces courses, et la nuit, à transcrire ces divers titres. Pendant un mois, elle y travailla sans relâche, ce qui ne l’empêchait pas d’être chaque jour à ses autres occupations et à ses exercices religieux. « Elle fit mesurer la seigneurie, poser des bornes, tracer des lignes seigneuriales, et concéda le reste des terres