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tait aussitôt, afin de diminuer ce que ce bel aveu pouvait avoir de flatteur pour elle : « Ne vous imaginez pas pour cela que je n’aie pas besoin de prières. J’ai bien d’autres défauts à me reprocher, si je n’ai pas celui-là, et je vous prie, mes chères sœurs, de ne pas me laisser brûler en purgatoire. »[1]

Remplie d’espérance dans la bonté infinie de Celui qui allait l’appeler à lui, la digne supérieure ne cessait d’adresser à Dieu des paroles comme celles-ci : « Oui, mon Dieu, je suis remplie de confiance en votre miséricorde ; » et encore : « Quand mon âme serait rouge comme l’écarlate à cause de mes péchés, votre bonté pourrait lui donner la blancheur de la neige. »

Ce fut dans ces sentiments de profond abandon qu’elle mourut, le 17 juillet 1821. Elle avait soixante-dix-neuf ans, et elle en avait passé cinquante-sept dans la communauté des Sœurs Grises, dans la pratique parfaite de toutes les vertus qui font la vraie sœur de charité. Aussi sa mort fut-elle l’occasion pour plusieurs personnes haut placées d’exprimer hautement leur appréciation des grandes qualités qui étaient le partage de cette femme distinguée. M. Roux, supérieur du Séminaire, entre autres, fit à ses filles le plus bel éloge de celle dont elles pleuraient la perte, disant qu’elle jouissait de la vénération de tout le clergé et des autres communautés et qu’on la regardait dans toutes les classes de la société

  1. Mémoire sur la Mère Coutlée.