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madame d’youville

le prochain. » Et cependant sa conversation, toujours vive et enjouée, avait un charme qui attirait, et ses filles n’avaient pas de plus grand bonheur que de se grouper autour d’elle en récréation. Elle aimait à s’entourer des plus jeunes et prenait plaisir à les faire causer et à les amuser, et il n’était pas rare de la voir, les jours de grand congé, prendre part à leurs jeux, malgré son âge, comme une véritable enfant.

Cette simplicité de la Mère Coutlée paraissait même dans sa dévotion, qui était toute naturelle. « Elle s’adressait à saint Antoine, en qui elle avait la plus grande confiance, » dit M. Faillon, « dans les besoins urgents de la maison, avec une simplicité naïve et charmante. »

Douée d’un cœur extrêmement sensible, la Mère Coutlée compatissait à toutes les misères ; les pauvres en dehors de la maison ne s’adressaient jamais à elle sans obtenir quelque secours, et les annales de la communauté disent que sa charité envers eux était inépuisable ; sa patience inaltérable leur donnait sans jamais se lasser. Que de pauvres honteux n’a-t-elle pas secourus et même quelquefois sauvés de la misère ! Un jour, un homme qui jusque-là avait vécu dans l’aisance vint se jeter à ses pieds et lui dit : « Ma Mère, si vous ne venez pas à mon secours, je suis un homme perdu. » Et la bonne Mère tout émue lui accordait le secours demandé.

C’est sa grande tendresse pour les malheureux de