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exercices de la communauté. Ses filles émerveillées ne comprenaient pas comment elle pouvait ainsi faire tant de choses et les faire toutes avec tant de perfection. Mais son secret n’était-il pas dans un grand oubli d’elle-même et dans une mortification égale à son dévouement ? Sévère jusqu’à l’excès pour elle et se refusant le moindre adoucissement, même dans sa vieillesse, elle savait donner aux sœurs faibles ou délicates tout ce que son bon cœur pouvait imaginer. Elle avait pour les sœurs malades des attentions toutes maternelles, se rendant chaque jour auprès d’elles pour les consoler et les encourager, et si des occupations extraordinaires l’empêchaient d’accomplir ce devoir, elle se faisait remplacer par une de ses compagnes, qu’elle chargeait de faire ses excuses aux sœurs de l’infirmerie et d’expliquer son absence. « Que le joug du Seigneur est doux ! » répétait-elle souvent, et vraiment elle avait reçu du ciel le don de faire trouver tout léger à ses filles. Si une de celles-ci venait lui confier ses peines, elle trouvait le secret de les adoucir et savait lui parler du bonheur de sa vocation avec une telle conviction que l’affligée se sentait disposée à tout accepter pour l’amour de Celui qui a le secret de toute douceur et de toute consolation.

La grande charité de la Mère Coutlée s’exerçait non seulement envers ses sœurs et ses pauvres, mais envers tous. Si quelqu’un était attaqué devant elle, elle se hâtait de dire : « Mes sœurs, ménageons