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madame d’youville

mortifiée de ce que les compliments se ressemblent tous, et qu’il y ait quelquefois tant de différence dans la façon de penser et si peu dans celle de s’exprimer. Je ne doute pas cependant de la respectueuse sincérité de ceux qui ont été présentés à Votre Altesse Royale à son arrivée dans cette colonie. Mais si je leur cède pour la délicatesse des expressions, je me réserve le très profond respect et la confiance que je dois avoir pour le fils d’un roi aussi bienfaisant que celui sous lequel nous vivons. C’est ce qui me fait prendre la liberté de demander à Votre Altesse Royale sa protection pour l’Hôpital Général de Montréal, chargé de pauvres de tout sexe et de toute condition et d’un grand nombre d’enfants trouvés. J’offrirai, avec toute la communauté, des vœux au Seigneur pour la conservation de Sa Majesté et pour celle de Votre Altesse Royale dont je suis, très gracieux prince, la très humble servante. »[1]

Malgré ces vœux offerts au prince Guillaume-Henri et malgré son respect pour le gouvernement britannique, la Mère Despins était trop française de cœur pour que la nouvelle de la terrible révolution qui venait d’éclater en France ne remplît pas son âme d’inquiétude et d’angoisse. Aussi écrivait-elle, le 17 octobre 1790 : « Nous n’ignorons pas les troubles qu’éprouve la France, cela nous fait grande-

  1. Archives de l’Hôpital Général. Lettre du 10 septembre 1787.