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seraient devenues un sujet de souffrance et de malaise pour les autres, les premières mères assuraient la solidité de leur fondation. Les jeunes sœurs, ne trouvant chez les anciennes que des modèles à imiter, se faisaient un devoir de marcher sur leurs traces et ne pouvaient éviter de se former solidement aux vertus religieuses et de se maintenir dans la ferveur si nécessaire toujours, mais bien plus encore au berceau d’une communauté naissante.

Pour se guider dans la pratique des vertus de leur état, les novices n’avaient qu’à jeter les yeux sur celle qui remplaçait si parfaitement la fondatrice et qui en était la vivante image. Comme la Vénérable Mère d’Youville, la Mère Despins témoignait en mille circonstances son grand amour pour les pauvres, qu’elle traitait avec une tendresse toute maternelle. On l’a souvent vue quitter une personne favorisée de la fortune pour aller au-devant d’un pauvre qui désirait lui parler et être consolé ; elle s’excusait auprès de la première avec tant de grâce et de politesse que celle-ci ne pouvait en être froissée.

Charitable envers les délaissés et les petits, qu’elle accueillait toujours avec sympathie, la Mère Despins savait aussi respecter les personnes en autorité. On cite à ce propos une lettre qu’elle adressa au prince Guillaume-Henri, troisième fils du roi d’Angleterre, qui était venu visiter le Canada pendant que la Mère Despins était supérieure de l’Hôpital Général. « Très gracieux prince, » écrivait-elle. « je suis bien