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madame d’youville

du Sault-Saint-Louis avaient élevé d’injustes prétentions au sujet de certaines terres faisant partie de la seigneurie de Châteauguay, et cette question n’était pas encore réglée lorsqu’elle mourut.

La Mère Despins, prenant en mains les droits que la fondatrice avait fait valoir, les soutint avec vigueur. Les autorités de la colonie, cependant, avaient intérêt à ménager les sauvages et, à cette fin, insistèrent auprès des Sœurs Grises pour obtenir le sacrifice d’au moins une partie de leurs droits. Dans ces circonstances, la Mère Despins, par esprit de conciliation, céda seize arpents de son terrain. La Providence ne tarda pas à l’en récompenser, car le gouverneur Haldimand, appréciant justement le sacrifice fait par les sœurs, leur fit remise de certains droits qu’avait le roi sur la seigneurie de Châteauguay. Il expliquait toutefois ce don en disant que les grands services rendus au public par la communauté, en recevant dans sa maison les infirmes, les pauvres et les orphelins, méritaient bien une récompense de la part du gouvernement.

La Mère Despins joignait à une grande douceur un cœur très sensible et charitable.

Riche des dons de la fortune, elle s’en était joyeusement dépouillée en faveur des pauvres : nous avons déjà dit que c’est grâce à elle que Mme d’Youville avait pu acheter la seigneurie de Châteauguay. Loin de se prévaloir de cet avantage pour se donner quelque confort, elle ne voulait pour elle-