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madame d’youville

perçurent avec désespoir que les tuyaux des pompes avaient été coupés par les émeutiers ; cet acte de vandalisme fut même renouvelé quatre fois. Le feu se propagea ainsi avec tant de rapidité qu’il n’y eut bientôt plus d’espérance humaine de sauver l’Hôpital. On fit sortir les enfants, les infirmes et les vieillards ; un de ces derniers ne voulut jamais se laisser transporter hors de la maison : « Je ne cours aucun risque, » disait-il, « le bon Dieu ne permettra jamais que cette maison brûle, j’en ai la ferme confiance. » Au milieu de la désolation générale, plusieurs sœurs paraissaient également rassurées : « Nous ne brûlerons pas, » disaient-elles, « notre Mère d’Youville nous l’a promis. » La plus ancienne sœur de la maison, sœur Hardy, hors d’état, à cause de son âge, de rendre aucun service, passa tout le temps que dura l’incendie dans une petite chambre, sans songer à se faire transporter ailleurs, et elle disait ensuite : « Je n’ai eu aucune inquiétude : je priais tranquillement et je me reposais sur la promesse de notre vénérée Mère d’Youville. » Cette confiance ne fut pas vaine. Tout à coup, après une promesse de la supérieure à saint Amable, le vent prit une direction différente et la foule s’écria : « L’Hôpital est sauvé ! »

Tout récemment encore les Sœurs Grises ont eu des preuves de la protection de leur fondatrice contre le terrible fléau. Le feu avait pris de nouveau dans des armoires par des linges imbibés d’huile de térébenthine. M. Benoit, chef de la brigade de pom-