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madame d’youville

Guidée par la prudence et la justice, elle a fondé ses grandes œuvres avec équilibre et mesure ; soutenue par la force, elle a triomphé des obstacles qui auraient pu arrêter son essor, et la tempérance a accru son mérite en élevant son âme et en la dégageant de plus en plus de la terre.


À toutes ces grâces Dieu avait voulu ajouter encore les dons de science, de sagesse et de piété.

Le don de science, en éclairant son âme, lui a fait distinguer le vrai du faux, ce qui passe de ce qui doit durer toujours, et le don de sagesse lui a permis de ne se servir des choses terrestres que pour la glorification de son Créateur. Aussi a-t-elle toujours vu Dieu au-dessus de tous les événements et cette pensée a suffi pour lui enlever toute vaine inquiétude.

« Nous sommes dix-huit sœurs toutes infirmes, » écrivait-elle un an avant sa mort, « qui conduisons une maison où il y a cent soixante-dix personnes à nourrir, presque autant à entretenir, très peu de rentes, la plus considérable est celle de nos ouvrages qui sont tombés des deux tiers depuis que nous sommes aux Anglais. Toujours à la veille de manquer de tout, et nous ne manquons jamais du moins du nécessaire. J’admire chaque jour la divine Providence qui veut bien se servir de si pauvres sujets pour faire quelque petit bien. »[1]

Beaucoup des œuvres de Mme d’Youville lui ont

  1. M. Faillon, p. 282.