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madame d’youville

maux qu’il peut amener. C’est le calme, la maîtrise de soi-même, réprimant les excès de l’audace par la modération, les défaillances de la crainte par l’assurance et la fermeté. »

Le grand empire que Mme d’Youville a exercé sur elle-même et la modération avec laquelle tous les mouvements de son âme ont été réglés prouvent à quel degré elle a pratiqué la vertu de tempérance.

Aussi calme dans l’adversité que dans la prospérité, elle se soumit à toutes ses épreuves parce qu’elle voyait au-dessus des événements la volonté de son Dieu. Quand elle entendit crier sur la place publique l’ordre qui l’expulsait de l’Hôpital, « elle le reçut, » dit M. Sattin, « avec le même esprit de résignation qu’elle avait fait paraître dans ses autres épreuves. »

Poursuivie avec des pierres dans les rues de Ville-Marie, mandée au parloir par un soldat qui voulait la tuer, son calme fut toujours le même.

Mme d’Youville, en se dévouant aux pauvres, s’est faite pauvre avec eux ; pour pratiquer l’esprit de pauvreté, elle a voulu être logée, nourrie, vêtue comme ses pauvres. Elle portait des vêtements raccommodés et tous les meubles à son usage étaient de la plus grande simplicité. Elle fit même enlever une petite tablette que l’économe avait fait mettre dans la salle de communauté pour poser la tasse dont les religieuses se servaient pour boire, parce que les