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madame d’youville

calme, résignée, inaltérable, car sa force était le résultat de sa grande confiance en Dieu.

« Voyez, » dit un grand évêque[1], « cette nature que la douleur a transpercée dans les fibres les plus intimes, là se porte avec plus d’énergie la sève de l’âme ; on dirait que la blessure y attire la vie et la fécondité. Si la constitution morale de cette âme est robuste, elle se remplira de perles vivantes, c’est-à-dire de pensées fécondes et vigoureuses, de sentiments exquis, de vues nobles et élevées. Elle deviendra un de ces caractères forts et doux où la trempe de l’acier se mélange à la souplesse de l’affection. »

C’est avec raison que les contemporains de Mme d’Youville et ses biographes l’ont comparée à la femme forte dont l’Esprit Saint a tracé le portrait. Les religieuses Ursulines intitulent, dans leurs annales, le chapitre qui parle de Mme d’Youville : « Une femme forte du Canada au dix-huitième siècle, » et M. Dufrost fait précéder la vie de sa mère d’une préface qui a pour titre : « Caractère d’une femme forte. »

En effet, le mérite de Mme d’Youville est au-dessus de tout prix et sa valeur plus rare que les trésors que l’on va chercher aux extrémités de la terre ; elle sait ouvrir sa main à l’indigent et étendre son bras vers le pauvre ; elle a cherché avec soin le lin

  1. Mgr Landriot.