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La force a été la vertu dominante de Mme d’Youville et il est facile, en parcourant les différentes phases de sa vie, de se convaincre que les occasions d’exercer cette vertu ne lui ont certes pas manqué.

N’est-ce pas à cette force, pratiquée héroïquement, que Mme d’Youville doit d’avoir tout quitté pour se donner à Dieu ?

Mère affectueuse et tendrement aimée, elle a su, comme Marie de l’Incarnation, s’arracher aux liens les plus forts et les plus doux pour faire l’œuvre de Dieu. Tous les autres sacrifices qui lui seront demandés semblent pâlir auprès de celui-ci, le plus grand de tous, car l’amour maternel ne meurt pas ; il est le seul qui ne souffre ni du temps, ni de l’absence, ni de l’indifférence, ni même de l’ingratitude. Il est facile de comprendre que, mère aussi aimante et sensible que l’était Mme d’Youville, elle a dû souffrir de cette séparation de ses enfants un martyre sans cesse renouvelé, et ce sacrifice a été d’autant plus grand qu’il n’a cessé qu’avec les battements de son cœur.

Nous craindrions de trop nous répéter en rappelant ici de nouveau les nombreuses épreuves qui ont été, pour Mme d’Youville, autant d’occasions d’exercer cette vertu de force. Les maladies, la mort d’une de ses compagnes, celle de M. Normant, les injures, les calomnies, les persécutions, les incendies, la discorde tendant à s’introduire parmi ses filles, toutes ces peines, ces misères, ces souffrances la laissèrent