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madame d’youville

ville et à l’accroissement de la population de la ville, le nombre des pauvres reçus à l’Hôpital allait augmentant chaque année, et le temps était venu où cet établissement ne répondait plus aux besoins. L’Hôpital, comme nous l’avons vu, avait été construit à l’origine en dehors de la ville et rebâti plus tard au même endroit. Mais la ville avait grandi et, en 1868, le mur d’enceinte qui protégeait la maison des Sœurs Grises était enserré par les nombreuses bâtisses qui avaient surgi de tous côtés. Le port, prolongé jusqu’au delà de l’Hôpital, et le canal de Lachine, creusé à peu de distance, avaient transformé ce territoire naguère désert et inhabité ; de toutes parts s’étaient élevées des constructions diverses, magasins, hangars, manufactures, etc., et le séjour de l’hôpital avait perdu son calme et sa tranquillité d’autrefois, au milieu d’une population industrielle et commerçante dont le nombre augmentait chaque année.

Agrandir les anciennes constructions dans ces circonstances nouvelles parut avec raison impossible, et, quel que fût leur attachement à cette maison remplie pour elles de souvenirs et dont chaque pierre rappelait les luttes, les souffrances et les sacrifices de leur vénérable mère, les Sœurs Grises durent se résoudre à l’abandonner.

Après avoir bien pesé et mûri leur projet, elles firent bâtir au pied de la montagne, à l’extrémité ouest de la rue Dorchester, le magnifique hôtel des pauvres qu’elles habitent maintenant et auquel elles