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madame d’youville

esprit mâle, un jugement très solide, parlant peu, pensant beaucoup, ce qui est rare dans les personnes de son sexe. En femme vraiment sage, elle se défiait de ses propres lumières, elle ne rougissait pas de consulter les autres et déférait facilement au sentiment d’autrui. »

Mais toutes les qualités, chez cette femme remarquable, étaient parfaitement pondérées ; cette déférence à l’opinion des autres, que relève son fils, n’excluait cependant pas chez elle une légitime ténacité, lorsqu’elle était bien convaincue de l’excellence d’un projet qu’elle avait longuement mûri. Aussi, dans l’organisation de son Institut, s’élevant au-dessus des considérations ordinaires, Mme d’Youville avait voulu que le bien des pauvres et celui des religieuses fussent en commun. Nombre de personnes haut placées avaient blâmé cette décision et lui avaient conseillé, au contraire, de garder distinctes les recettes de son Hôpital. Elle maintint cependant son idée première qui, comme nous allons le voir, répondait à une sage préoccupation et assurait à son œuvre le caractère particulier qu’elle avait voulu lui donner.

En effet, ce que Mme d’Youville avait voulu en établissant cette communauté de biens, c’était surtout de soustraire les administratrices au désir d’accroître les biens de la communauté au détriment de ceux des pauvres. Dans le plan de la fondatrice, les religieuses surveillent et administrent le bien de la