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pas à celles qui partageaient avec elle ses travaux et ses fatigues ? L’élévation de son caractère leur épargnait les mesquines exigences, les soupçons pénibles qui paralysent les meilleures natures. Droite et loyale, elle avait confiance dans les autres, et en retour elle possédait la confiance entière de ses compagnes, qui n’avaient aucun secret pour elle. Elle aimait surtout les novices, l’espoir de son Institut ; elle les regardait comme ses enfants bien-aimées, et celles-ci, en retour, la chérissaient comme la plus tendre des mères.

Et cependant, au sein de cette famille religieuse qu’elle avait formée avec tant de sollicitude, Mme d’Youville devait rencontrer — épreuve suprême — deux natures discordantes venant troubler la paix et l’union de sa communauté. Mais n’est-ce pas l’histoire de toute fondation religieuse ou même de toute bonne œuvre ? L’ennemi de la paix avait jeté un regard jaloux sur l’édifice élevé par la fondatrice au prix de tant de sacrifices ; jusqu’ici tous ses efforts avaient été impuissants à troubler la sérénité de Mme d’Youville et à la faire dévier du but qu’elle voulait atteindre : il essaya de nouveau de miner cette fondation qui promettait d’être glorieuse pour l’Église et de ravir tant d’âmes au mal, en suscitant l’envie au cœur de deux religieuses, dont l’une devait être expulsée.

Cette dernière épreuve, la plus cruelle de toutes, atteignit Mme d’Youville au cœur. Mais elle avait