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Mais lorsque son âme eut été subjuguée par l’attrait de la grâce et qu’elle eut répondu à l’appel de Dieu, qui la voulait parfaite, la bonté de Mme d’Youville, alimentée à la source de l’amour divin, se transforma et devint la plus grande de toutes les vertus : la charité. Elle comprit le bonheur goûté dans le sacrifice ; elle accepta sans se plaindre ceux qu’elle rencontrait au foyer domestique ; bien plus, elle eut soif de se donner, de se dépenser, de s’immoler ; sa charité rayonna autour d’elle et se manifesta aux yeux de tous.

Elle profita de la liberté qui lui était rendue par la mort de son mari pour s’enchaîner au service de Dieu et des délaissés, et, comme toutes les âmes qui ont pris Notre-Seigneur pour modèle de leur vie, rien n’arrêta plus son essor vers le bien. Elle renonça aux joies terrestres, à celles mêmes si légitimes de la famille, et, poussant jusqu’aux dernières limites son héroïque charité, elle quitta ses enfants pour devenir la mère et la servante de tous ceux que la société rejette et abandonne. Désormais sa famille sera composée de tous les souffrants, de tous les abandonnés, de tous les déshérités de la nature ; elle les logera, les nourrira, les consolera et les soignera comme une tendre mère, et pour cela elle donnera son travail et dépensera ses forces. L’amour de Dieu peut seul accomplir ces merveilles, réaliser ces admirables entreprises.

Cette charité de Mme d’Youville envers le pro-