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madame d’youville

assurer par son travail et son dévouement le bonheur de tous ceux qui vivaient sous ses soins.

Cette ferme espérance, que tous les revers n’avaient pu ébranler, se manifesta encore, dans sa dernière maladie, par la soumission si parfaite avec laquelle elle accepta la mort, recevant avec une grande foi les derniers sacrements et, dès qu’elle eut recouvré l’usage de la parole, encourageant ses filles à se soumettre à la volonté divine. « C’est la volonté de Dieu, » leur répétait-elle, « il faut m’y soumettre ; soumettez-vous vous-mêmes à cette volonté, c’est Dieu qui exige ce sacrifice. »

Et voulant adoucir leur douleur par la pensée si consolante du ciel, elle ajoutait : « Ah ! que je serais heureuse si je me voyais au ciel avec toutes mes sœurs ! »


Mme d’Youville était profondément bonne, et cette bonté s’est manifestée, dans son enfance, par son affection et son respect pour ses maîtresses et sa soumission envers sa mère, qu’elle a aidée à un âge où les enfants ne songent d’ordinaire qu’à s’amuser, par sa tendresse pour ses frères et sœurs, dont elle était l’idole. Plus tard, lorsqu’elle se fut engagée dans le mariage, cette bonté la fit renoncer à tout amusement, même légitime, à tout désir de paraître, pour devenir martyre de son devoir en faisant les sacrifices les plus pénibles pour un mari si peu capable de les apprécier et même de les comprendre.