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Christ souffrant. Cette pensée mettait dans son âme ce désir si ardent de venir en aide aux malheureux, qu’elle voulait secourir partout, toujours et sous n’importe quelle forme que revêtit la souffrance.

C’est aussi dans la vivacité de sa foi qu’elle puisait ce sentiment de confiance si entière en Dieu qui ne lui permettait pas le plus léger doute, même dans les circonstances les plus désespérées, et qui faisait toujours sortir de ses lèvres des paroles de parfait abandon : « Dieu le veut, que son saint nom soit béni ! » répétait-elle sans cesse à ses filles, et de sa plume ne s’échappaient que des élans d’amour et de reconnaissance : « Dieu a ses desseins, je les adore et je me soumets à sa volonté, » écrivait-elle à un ami de la maison. « Tout ira comme Dieu voudra. » « Toujours à la veille de manquer de tout, et nous ne manquons jamais du moins du nécessaire, » écrivait-elle ailleurs.

La foi héroïque de Mme d’Youville lui a fait entreprendre des choses au-dessus des forces de la nature, et elle a réussi à les accomplir malgré des obstacles sans cesse renaissants. Elle semblait avoir le don d’aplanir les difficultés, et cette foi si vive lui faisait considérer ses nombreuses épreuves comme des faveurs célestes et des moyens de grandir dans la vertu. C’est ainsi qu’après le premier incendie de sa maison elle sut tirer de cette croix le moyen de vivre plus pauvrement, et, plus tard, lorsque, installée à l’Hôpital Général, elle vit cet établissement,