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madame d’youville

qu’elle nous servît de patronne auprès de lui. Je le loue encore de ce qu’il l’a laissée assez de temps sur la terre pour perfectionner l’œuvre qu’il lui avait inspirée… Certainement il n’a tenu qu’à vous de vous remplir de son esprit, de profiter de sa présence et de ses pieux avis ; et je ne puis vous rien souhaiter de mieux que la grâce d’en faire usage. Je ne vous félicite pas de ce que vous lui succédez. Il n’est pas gracieux de succéder immédiatement à une mère si tendrement aimée et dont le mérite était si fort au-dessus du commun, de succéder, en un mot, à une nouvelle de Chantal, car je ne crains pas de l’y comparer, et, en lisant la vie de celle-là, on n’a en mille endroits qu’à changer le nom pour se rappeler Mme d’Youville. J’ai dit pour elle une messe privilégiée et je ne cesse pas de prier pour elle ; je crois pourtant que le bon Dieu ne serait pas fâché que je la priasse elle-même de solliciter pour moi. Puisse-t-elle avoir pour moi auprès de Dieu le même bon cœur qu’elle avait pendant sa vie ! Mais, hélas ! à présent qu’elle me connaît mieux, peut-être ne m’aime-t-elle plus. »[1]

À cet hommage rendu à la sainteté de Mme d’Youville par un prêtre vertueux et distingué, qui avait été pendant deux ans aumônier de la maison qu’elle gouvernait, ajoutons celui que son fils se plaît à rendre aux vertus de sa mère. Témoin constant de sa

  1. Vie de Madame d’Youville, par M. Sattin.