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Cette réputation de sainteté de Mme d’Youville était admise, en effet, par un grand nombre de personnes distinguées et plusieurs membres du clergé. Un jour, M. de Ligneris, curé de Laprairie, qui connaissait particulièrement Mme d’Youville, étant venu à l’Hôpital Général pendant sa dernière maladie, les sœurs lui demandèrent de prier pour la guérison de leur mère. « Oh ! je vous assure, » leur dit-il, « que je n’en ferai rien : il est temps qu’elle aille en paradis. » Les sœurs, affligées de son refus, lui dirent combien la maison souffrirait de sa perte ; il ajouta alors : « Elle vous protègera dans le ciel et vous obtiendra les secours et les grâces qui vous seront nécessaires. »

M. Gravé, prêtre du Séminaire de Québec et plus tard grand-vicaire, qui avait été aumônier de l’Hôpital Général après la conquête et qui connaissait tout le mérite de la fondatrice, écrivit à la Mère Despins, appelée à lui succéder comme supérieure : « J’ai appris avec certitude le 31 décembre la mort de Mme d’Youville. Vous connaissez mon attachement pour elle et vous pouvez conclure quelle douleur m’a causée sa mort. Si je pouvais m’en consoler, je tâcherais de vous en consoler moi-même. Qu’elle est grande, cette perte, et difficile à réparer, ou plutôt qu’elle est irréparable et qu’elle mérite de larmes ! Cependant je crois qu’en cela même nous devons bénir Dieu de ce qu’il nous l’a enlevée pour récompenser ses mérites et pour