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madame d’youville

est donc fait, notre mère est morte. Si nous la pleurons et la regrettons, c’est pour nous, car je crois qu’elle est au ciel, où elle est allée recevoir le fruit de ses travaux. »

Aussitôt que Mme d’Youville eut rendu le dernier soupir, ses traits, altérés par la souffrance et la maladie, reprirent un air de vie ; son teint même s’anima, et chacun s’empressait de venir contempler et admirer l’expression de paix et de bonheur empreinte sur cette figure vénérée.

La famille avait fait bien souvent des instances auprès d’elle pour qu’elle consentît à faire peindre son portrait ; mais elle avait toujours refusé en disant : « Si on veut absolument avoir mon portrait, on ne l’aura jamais qu’après ma mort. » On décida donc d’essayer de reproduire les traits de la fondatrice, afin de les conserver pour sa communauté et pour les siens, et un de ses neveux se rendit dans ce but auprès de sa couche funèbre avec un peintre. Mais, à la grande surprise des personnes présentes, le visage de Mme d’Youville changea tout à coup et, malgré la célérité de l’artiste, il ne put réussir qu’à saisir une ressemblance imparfaite de la défunte.

Heureusement que le cœur n’oublie pas : aidé par les filles et les compagnes de la fondatrice, qui gardaient à jamais gravé dans leur mémoire le souvenir de leur mère bien-aimée, le peintre a pu laisser à la postérité un portrait suffisamment vrai pour satisfaire la famille de Mme d’Youville et ses compagnes.