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Mme d’Youville avec assurance. Ces paroles étonnèrent d’autant plus les personnes présentes qu’elle semblait mieux en ce moment et que ses sœurs avaient recommencé à espérer sa guérison. Malheureusement les paroles de Mme d’Youville ne devaient pas tarder à se vérifier et, comme elle l’avait annoncé, elle ne devait pas passer la nuit. Vers huit heures du soir, le 23 décembre, elle fut frappée d’apoplexie foudroyante et expira en quelques instants. Ses sœurs, réunies pour la prière du soir, accoururent éplorées à l’annonce de cette terrible nouvelle, et « ce n’est plus, » dit M. Faillon, « dans la maison qu’un cri universel, ce ne sont plus que gémissements, que pleurs, que sanglots. »

« Non, je ne pourrai jamais exprimer, » écrivait la Mère Despins, « quelle fut dans ce moment fatal notre étrange surprise de nous voir arracher par la mort celle que nous chérissions le plus en ce monde. On n’entendait de tous côtés que les cris et les lamentations d’une troupe d’enfants qui perdaient leur mère, et une si tendre et si charitable mère ne peut être assez regrettée. Qu’elle est grande, cette perte ! Jamais il n’y aura plus de Madame d’Youville pour nous… Ah ! je ne puis exprimer l’affliction, les cris et les lamentations de notre pauvre maison… Tous se disaient les uns aux autres, le cœur pénétré de la plus vive douleur : Nous n’avons donc plus de mère ?… c’en