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toujours pour les autres, insista pour l’envoyer rejoindre ses compagnes. Ne voulant pas désobéir à la supérieure, la sœur la quitta, quoique à regret ; mais à peine était-elle rendue au réfectoire que, ne pouvant plus maîtriser son inquiétude, elle revint auprès de Mme d’Youville, qu’elle trouva assise dans son fauteuil, sans parole, sans mouvement et les traits profondément altérés. Elle se hâta de prévenir la communauté ; ses filles, que l’angoisse étreignait au cœur, accoururent auprès d’elle. On appela le médecin ; la sœur Martel franchit de nouveau la grille de son cloître, et l’habile Hospitalière réussit à tirer Mme d’Youville de sa léthargie ; elle recouvra peu à peu la parole et s’empressa de profiter de ce mieux pour faire des actes constants de résignation et pour disposer ses filles à faire comme elle. Elle reçut de nouveau les sacrements de l’Église avec une grande piété et, s’adressant à ses sœurs réunies autour de son lit, elle leur laissa, dans un dernier adieu, ce testament spirituel resté à jamais gravé dans leurs cœurs : « Mes chères sœurs, restez constamment fidèles à l’état que vous avez embrassé ; marchez toujours dans les voies de la régularité, de l’obéissance et de la mortification ; mais surtout faites en sorte que l’union la plus parfaite règne parmi vous. »

Ces paroles, résumé de tous les avis spirituels donnés par Mme d’Youville à ses filles, furent accueillies par des sanglots.